« Dès qu’une force, dès qu’un pouvoir, dès qu’un groupe se laisse conduire de façon excessive par son intérêt ou sa passion, sans égard pour le bien commun, il introduit la violence dans la Société. Et, tôt ou tard, il la subira à son tour. »
Valéry Giscard d’Estaing dans Démocratie française.
PROLOGUE
En débouchant de la cabine d’ascenseur, au rez-de-chaussée de l’hôtel Burlington, Francis Coplan heurta un petit homme qui, surpris, lui décocha un regard malveillant. Ils se toisèrent mutuellement, puis leur expression traduisit une légère stupeur.
- Coplanne, articula le quidam, les sourcils arqués, en dévisageant l’espèce de rugbyman qui avait failli le renverser.
- Mondovi ! proféra ce dernier, subitement détendu.
L’intéressé refréna les exclamations que son tempérament italianissime sécrétait à un rythme élevé.
- Vous... vous allez au Sussex Room ? bégaya-t-il tout en agrippant la main que lui tendait le Français.
- C’était mon intention.
- Bravo ! Alors, prenons le breakfast ensemble.
Ils n’avaient que quelques mètres à parcourir pour atteindre le restaurant principal de l’hôtel. Tous deux surent immédiatement que cette coïncidence n’en était pas une, et qu’une même raison les avait appelés à Dublin.
Lorsqu’ils se furent attablés dans une salle aux tons grenats, éclairée avec une élégante discrétion, et quand ils eurent commandé leur petit déjeuner, Mondovi dit à mi-voix :
- Vous êtes venu pour la réunion, je présume ?
- Votre flair ne vous trompe pas, émit Coplan, mi-figue mi-raisin. Vous aussi, sans doute ?
Mondovi jeta au ciel un regard accablé, marmonna :
- C’est nous qui sommes en première ligne, hélas ! Cela devient notre cauchemar.
- Je croyais que la conférence était réservée à des représentants des Services Spéciaux.
- Elle l’est. Depuis deux ans, je ne suis plus commissaire de la Sûreté. On m’a versé au S.I.D. (Servizio Informazioni Difesa : Service de contre-espionnage analogue à la D.S.T. en France)
- Ah bon ? Vous n’êtes plus à Trieste ?
- Non. Je travaille à Rome. Et vous, cher vieil ami, toujours sur la brèche ?
Ils se contemplèrent, heureux de cette rencontre imprévue. Aussi dissemblables au moral qu’au physique, ils avaient en commun une passion pour leur métier. L’Italien, maigre, de taille réduite, les yeux scrutateurs, était un paquet de nerfs hautement susceptible, mais qui retrouvait dans l’action un calme inébranlable. Coplan, bâti en force, d’un naturel plutôt flegmatique, décontracté, pouvait parfois couver des fureurs silencieuses. Dans diverses circonstances, les deux hommes avaient appris à s’estimer, encore que des disputes passagères, dues au caractère volcanique de Mondovi, les eussent maintes fois opposés.
- Les autres envoyés sont probablement dans le même hôtel, reprit Mondovi avant de croquer son premier toast. Vous les connaissez ?
- Non. En fait, je remplace le délégué habituel à ces colloques périodiques. Jusqu’à présent, ces séances de travail n’ont pas été d’une grande utilité pratique, j’ai l’impression. Les résultats que nous avons obtenus en France dans la lutte contre la violence et le terrorisme, nous ne les devons qu’à nous-mêmes.
- C’est comme chez nous, grimaça l’Italien. Les échecs que nous subissons sans arrêt, nous ne les devons à personne d’autre. Sur ce plan-là, la coopération n’a rien changé. En outre, la gauche voudrait démanteler notre Service, surtout depuis que nous avons épinglé quelques agitateurs soviétiques et tchèques...
Coplan but une gorgée de café - un jus irlandais d’une transparence affligeante - puis il s’enquit :
- Une voiture vient-elle vous chercher ?
- Oui, à neuf heures.
- Parfait. Ce doit être la même que pour moi. Aurez-vous une longue communication à faire devant le Comité ?
- Non, pas très. Et vous ?
- Mon rapport sera réduit au minimum, mais j’apporte une information qui risque d’intéresser nos collègues... et vous en particulier.
- Pouvez-vous me dire laquelle ?
Coplan sourit et prononça :
- Désolé, Mondovi. Ici, officiellement, je ne suis pas censé savoir qui vous êtes. Et, secundo, si je vous mettais au parfum, vous ne mangeriez plus d’aussi bon appétit.
- Alors, n’en parlez pas. Si ça doit encore aggraver mes soucis, gardez ça pour vous.
- Dans moins d’une heure, vous aurez le droit de vous arracher les cheveux, assura Coplan.
- J’ai eu des raisons de me les arracher chaque fois que je vous ai rencontré, rétorqua l’Italien sur un ton amer. Je ne suis pas près d’oublier cette succession de cadavres que vous m’avez mis sur les bras à Trieste (Voir Banc d’essai).
- Toujours médisant, à ce que je vois. A vous entendre, on croirait que j’étais responsable de ces incidents.
Mondovi le regarda de biais.
- Excusez-moi, ricana-t-il, jamais je n’oserais insinuer une chose pareille. La malchance vous poursuivait, c’est tout.
Ils bavardèrent encore de choses et d’autres en expédiant leurs toasts à la marmelade. Après avoir vidé sa tasse, Mondovi ronchonna :
- Ils nous ont servi du thé, ma parole.
- Non, dit Coplan. Leur espresso, c’est ça.
Son compagnon fit une mimique dégoûtée.
- Vous croyez ? Alors, n’insistons pas. On y va ?
Ils signèrent la note et s’en furent dans le hall, où régnait une grande activité. La plupart de ces touristes, si l’on en jugeait par leur accent, devaient être des Américains d’origine irlandaise venus en pèlerinage sur la terre de leurs ancêtres.
A l’heure dite, les deux envoyés spéciaux emboîtèrent le pas à un messager, montèrent dans une berline noire aux formes désuètes qui stationnait devant la marquise.
Une lumière sale et triste, tombant d’un ciel pluvieux, donnait au paysage un aspect mélancolique. Petites maisons en briques, aux façades plates, avec leur porte typique entre deux colonnes supportant un chapiteau surmonté d’une vitre en demi-lune, autobus à impériale, de couleur crème, circulation à gauche, taxis vénérables, asphalte humide, tout cela faisait très anglais.
Après avoir passé au-dessus d’un canal, la voiture vira sur la droite et emprunta une artère plus large, bordée d’immeubles austères. Quelques secondes plus tard, elle s’engouffra sous le porche du grand bâtiment en granit qui abritait les services gouvernementaux.
Munis de leur attaché-case, Coplan et Mondovi suivirent le fonctionnaire qui les avait pilotés. Ils aboutirent, à l’étage, dans une grande pièce lambrissée, meublée d’une table ovale et de sièges confortables, où se tenaient déjà d’autres délégués.
Lorsque les arrivants eurent remis leurs lettres accréditives, ils furent présentés à leurs homologues étrangers : Helmut Rheinberg, pour l’Allemagne Fédérale ; Vanden Knok, pour le Benelux et Thomas Blunt, pour le Royaume-Uni. La commission devait être présidée par l’Irlandais Kildare, un homme rougeaud à cheveux blancs, à l’air affable.
- Prenez place, gentlemen, déclara-t-il avec un geste large. Je pense être en mesure de vous certifier que cet édifice n’a pas été miné par des terroristes...
Des sourires polis accueillirent cette boutade, mais chacun des assistants songea qu’elle était peut-être présomptueuse.
Kildare reprit :
- En dépit des mesures prises par nos gouvernements respectifs et des échanges d’informations qui ont lieu entre les services de police et de contre-espionnage de la Communauté Européenne, il est indéniable que la violence gagne du terrain dans nos divers pays. Je crois qu’il est superflu de dresser des bilans, car nous sommes tous au courant, dans les grandes lignes, de ce qui se passe chez nos voisins. J’aimerais donc que vous vous limitiez, dans vos interventions, à fournir des renseignements ou à formuler des suggestions qui peuvent accroître l’efficacité de notre lutte contre cette criminalité politique. Mr Blunt, vous avez la parole.
L’interpellé, un officier des Spécial Assault Forces (une sorte de brigade anti-gang entraînée aux opérations contre les terroristes) salua son auditoire d’un signe de la tête et parla d’une voix calme :
- Je ne serai pas aussi pessimiste que Mr Kildare. En Grande-Bretagne, ces dernières semaines, la situation ne s’est pas aggravée. Quelques meurtres, attentats et destructions ont été commis par des membres de l’I.R.A. ou par des éléments asociaux, mais nous avons pu en éviter un certain nombre grâce à nos indicateurs. A ce propos, je dois vous apporter des précisions sur le désamorçage d’engins explosifs très sophistiqués que nous avons vu apparaître récemment, tant en Irlande du Nord qu’à Londres.
Les auditeurs se disposèrent à prendre des notes. Mondovi, assis à côté de Coplan, lui décerna un léger coup de coude et souffla :
- Chez nous, jusqu’à présent, la fabrication des bombes par les gauchistes reste artisanale, heureusement.
Blunt reprit :
- J’ai fait polycopier les schémas des dispositifs électroniques et électriques équipant ces engins. Vous en recevrez des exemplaires à la fin de la réunion. Selon toutes probabilités, le système a été monté en Tchécoslovaquie.
Lorsque Blunt eut décrit le détonateur qui avait donné des sueurs froides aux spécialistes du déminage, Kildare signala incidemment :
- Une de nos frégates a arraisonné hier, et emmené à Cobh, dans le sud de l’Irlande, un navire-usine bulgare destiné à stocker la pêche de plusieurs chalutiers. Il ne contenait pas seulement du poisson. On a trouvé dans ses cales du matériel de guérilla d’origine cubaine, destiné sans doute à des rebelles des Comtés du Nord. Une preuve de plus que tous ces groupements de terroristes ont des contacts avec des foyers de subversion internationale.
- Pardonnez-moi, dit Mondovi. A ce sujet, nous venons d’établir à Rome que le mouvement appelé N.A.P. - noyaux armés prolétariens - entretenait des liens avec les Brigades Rouges. Peu importe que les tendances soient divergentes : marxistes, anarchistes et communistes d’obédience soviétique ou chinoise collaborent allègrement pour ébranler nos sociétés libérales.
Tous les assistants, édifiés sur les dessous de la guerre secrète livrée par Moscou et Pékin contre l’Occident, opinèrent du bonnet. La haine et la soif de pouvoir étaient le vrai ciment de tous ces révoltés chroniques qui justifiaient leurs actions sanglantes par des doctrines faussement humanistes.
La séance se poursuivit. Après Blunt, Helmut Rheinberg révéla quelques découvertes récentes des services de police allemands ; entre autres, la disparition dans la clandestinité de certains réfugiés d’Amérique du Sud et leurs offres de service à des cellules d’extrémistes.
Quand le délégué français fut invité à parler, Francis Coplan déclara que, si quelques attentats avaient eu lieu en Corse, en Bretagne et dans le pays basque, ils avaient été commis par des autonomistes dont les contacts avec d’autres groupes férus de violence semblaient se multiplier. Par ailleurs, la France devenait de toute évidence une plaque tournante pour individus douteux, en quête d’exploits spectaculaires.
- Vous n’ignorez pas, dit Coplan, que dans le cadre du plan anti-terrorisme mis sur pied dans mon pays, il avait été décidé de recueillir hors de nos frontières des renseignements susceptibles de faciliter la tâche de la police. Or, nous en avons obtenu un qui va certainement retenir votre attention.
Mondovi, dressant l’oreille, observa Coplan comme si ce dernier allait sortir un lapin de sa manche.
- La source est de premier ordre, souligna Coplan. Ses fournitures sont classées A-1. Voici ce qu’elle nous a transmis : à la faveur des événements qui ont détruit une grande partie de Beyrouth, 5 000 passeports libanais neufs, vierges et parfaitement authentiques ont été dérobés. On ignore par qui, mais il n’est pas interdit de supposer que ce vol a été commis par une organisation pro-palestinienne.
La mine des délégués s’allongea. Ils devinèrent d’emblée quel usage on pouvait faire de ces livrets.
Après un silence, Coplan reprit :
- Ce qui donne du prix à cette information, c’est que notre correspondant a pu connaître les numéros de séries de ces passeports. Tout à l’heure, je vous en remettrai une liste à chacun. Mais le problème est de savoir comment nous allons exploiter la situation. Nous devons nous mettre d’accord là-dessus, évidemment.
Blunt articula :
- La première chose à faire, me semble-t-il, est de balancer ces numéros à Octopus, en quatrième vitesse.
Les autres approuvèrent aussitôt, mais Coplan objecta :
- Attention, Blunt. N’allons pas trop vite. Si nous faisons épingler systématiquement les porteurs de ces passeports, ceux qui les ont volés comprendront rapidement que nous sommes au courant. Ils ne mettront plus les autres en circulation et nous aurons raté une occasion magnifique de prévenir des attentats.
- C’est sûr, approuva Vanden Knok. Il faut voir ça de plus près, comme le propose M. Coplan.
Mondovi dit en resserrant son nœud de cravate :
- Il n’est pas exclu, non plus, que des malfaiteurs de droit commun aient fait main basse sur ce lot de passeports pour les revendre à des gens qui voulaient fuir la guerre civile.
Kildare intervint :
- Un instant, gentlemen. Notre collègue français a dû réfléchir à cette question. Laissons-le exprimer son idée.
- Merci. Effectivement, à Paris, nous avons envisagé trois hypothèses. D’abord, celle que vient de soulever Mondovi. Si ce sont de simples bandits qui ont fait le coup, l’idée leur sera certainement venue de vendre à des organisations politiques une partie de leur butin. On se retrouve alors dans le cas que j’avais mentionné, à savoir que ces passeports risquent d’être distribués à des espions ou à des terroristes. Alors, deux attitudes sont possibles : ou bien nous communiquons les numéros aux chancelleries de nos ambassades pour qu’elles refusent la délivrance d’un visa sur les passeports concernés, ce qui nous évitera une bonne dose d’ennuis. Ou bien, nous jouons le jeu à fond : nous plaçons sous surveillance tout individu porteur d’un de ces livrets dès qu’il se présente à l’une de nos frontières ou dans un aéroport. Objectif : démanteler les réseaux constitués dans nos pays par des ennemis de nos démocraties pluralistes. C’est d’abord sur cette alternative-là qu’il faut se prononcer. Personnellement, je suis partisan de la deuxième formule.
Chacun s’accorda un temps de réflexion. De fait, il eût été très regrettable de ne pas tirer tous les avantages possibles de l’atout qu’on possédait. Identifier à temps les mercenaires qui, du jour au lendemain, pouvaient devenir des preneurs d’otages, des poseurs de bombes ou des pirates de l’air, était la hantise des services de sécurité européens.
Helmut Rheinberg donna son avis :
- Moi aussi, je pense que les détenteurs de ces passeports peuvent devenir pour nous des poissons-pilotes. Laissons-les se déplacer librement sur le territoire de la Communauté, mais sans les perdre de vue.
- Nous risquons d’être submergés, objecta Blunt. Est-ce que vous vous rendez compte ? Des centaines de titulaires pourraient envahir l’Europe petit à petit. Et peut-être qu’un sur cent, seulement, aura des activités répréhensibles.
- D’accord, admit Coplan. Cela ne doit pas nous empêcher de définir une ligne de conduite. Si, au bout de quelques semaines, nous sommes débordés, nous pourrons changer de politique mais, entre-temps, nous aurons fait des constatations intéressantes.
Vanden Knok suggéra :
- N’envoyons à Octopus que les données des passeports repérés, et non la liste complète de ceux qui ont été volés. Cela nous permettra de voir à quel rythme les bénéficiaires pénètrent en Europe occidentale.
- Bonne idée, approuva Mondovi. Du même coup, chacun de nous n’aura qu’à questionner l’ordinateur pour savoir quotidiennement où ces types ont débarqué. Et combien.
Octopus, le fichier électronique central installé aux U.S.A., était leur allié le plus puissant dans la lutte contre le terrorisme international. Recelant dans sa mémoire un nombre fabuleux d’indications numériques relatives au signalement et au passeport d’individus suspects ou recherchés, relié à une quantité de terminaux dans le monde, il pouvait répondre instantanément à toute demande de recoupement.
Depuis sa mise en service, certains voyageurs avaient été sidérés en se voyant arrêtés ou refoulés dès leur arrivée à l’aéroport d’un pays où ils venaient pour la première fois.
Après quelques échanges de vues, les délégués aboutirent à un accord qui serait consigné dans le procès-verbal. Il comportait 4 points : toute personne détentrice d’un passeport libanais dérobé aux autorités légitimes de ce pays serait autorisée à séjourner trois mois dans la Communauté européenne. Elle serait soumise à une surveillance et son identité vraie ou fausse serait communiquée à l’ordinateur mondial. Ensuite, l’initiative appartiendrait aux forces de sécurité si l’intéressé entrait en rapport avec des hors-la-loi déjà répertoriés. En cas d’arrestation et d’interrogatoire, les enquêteurs devraient s’abstenir de poser des questions sur l’origine du passeport et d’émettre des doutes sur sa validité.
- Oui, dit Coplan, qui avait tenu à insérer cette clause. Si un type doit être relâché, ou s’il s’évade, il ne faut pas qu’il alerte ses chefs pour leur annoncer que la combine est éventée. Nous tirerons sur la corde le plus longtemps possible.
Satisfait, Rheinberg s’enquit :
- Est-ce que, à votre connaissance, des voyageurs en provenance du Moyen-Orient ont déjà exhibé des passeports de ces séries ?
- Je l’ignore, répondit Coplan. Nous n’avons rien divulgué, et nous n’avons pas avisé la police de l’Air avant la présente réunion. Il valait mieux que nous appliquions d’emblée des directives communes adoptées ici. Le dossier est resté top-secret.
- Bonne précaution, approuva Rheinberg. L’efficacité du système dépend de sa mise en place simultanée dans toute la Communauté. Disons qu’il entrera en vigueur après-demain matin à sept heures, temps de Greenwich ?
Tout le monde trouva le délai suffisant.
- En tout cas, grommela Mondovi, j’espère que notre coopération se révélera un peu plus utile que dans le passé. Pour le moment, en Italie, nous sommes les champions, à telle enseigne que nous avons dû tenir un sommet « anti-guérilla » il y a quelques jours. Nous subissons une sorte d’offensive généralisée de tous les groupements révolutionnaires : en un jour, à Milan, trois cents voitures ont été incendiées, deux cents magasins, des feux de signalisation et des cabines téléphoniques ont été détruits, sans compter les personnes blessées ou tuées (Authentique. C’est ce qu’on a appelé « la semaine rouge ». Ces faits se sont déroulés en décembre 1976). Il est grand temps de nettoyer nos écuries.
Kildare hocha la tête.
- Vous verrez, prédit-il. Nos gouvernements seront bientôt contraints d’admettre que la troisième guerre mondiale est commencée, comme l’affirme un ouvrage édité en France en 1976 (La Troisième guerre mondiale est commencée, par Jacques Bergier (Albin Michel)). On parle beaucoup des armements de l’Union Soviétique et de son impérialisme, mais on oublie le fait qu’elle pourrait occuper sans coup férir, soi-disant pour y rétablir l’ordre, une Europe préalablement pourrie.
- Oui, dit Blunt, une lueur naissant dans ses prunelles claires. Notre sécurité passe d’abord par un contre-terrorisme implacable. En Grande-Bretagne, nous en avons la conviction. Messieurs, nous sommes en 1940.
Le même soir, quand ils se retrouvèrent à l’hôtel Burlington, Coplan et Mondovi burent un verre ensemble avant de se séparer et de regagner leurs capitales respectives.
D’homme à homme, l’Italien demanda :
- L’informateur de Beyrouth, ce n’était pas vous, par hasard ?
Coplan fit non, de la tête.
- Il est mort accidentellement, confia-t-il, soucieux. Mais il nous a légué une sacrée besogne.
CHAPITRE PREMIER
Pour la cinquième fois, Sabri Khalil jeta un coup d’œil à sa montre, poussa un soupir.
- Tu m’emmerdes, lança Jean-Pierre, occupé à inventorier des armes éparpillées sur le lit. Je finirai par croire que tu as les jetons.