Autour des maquettes d’un modernisme d’avant-garde, le décor était criant d’anachronisme. Lustres XIXème avec leurs arabesques, leurs coupelles, leurs larmes en verre, plafonds 1930 redorés en un style louis-philippard, lourdes tentures dans les teintes bordeaux, un peu passées. Coplan en avait écarté une et le dessus de sa main s’était constellé de minuscules grains de poussière.
- Tu vois ces maquettes, déclara Khalima. Je construis un espace architectural pacifié. Dans mon univers, la lumière agit sur la matière et je m’inspire du désert de mon pays natal tout en demeurant fidèle à mes sources européennes. Idéalement, je souhaiterais unir l’Orient à l’Occident dans les arcanes d’une esthétique renouvelée, entre la Chapelle Sixtine et les jardins suspendus de Babylone, entre Rome et Byzance, entre le pont du Golden Gate et les bas-reliefs de Siem Reap.
- Vaste ambition, murmura Coplan.
Khalima avait passé une robe épaulée, impeccablement cintrée et assortie au rouge de ses ongles vernis. Coplan respirait les effluves de son parfum lourd et exotique, discrètement aphrodisiaque, seyant admirablement à son teint de brune à la peau mate, à l’opulente chevelure noire et aux yeux sombres, traversés parfois d’éclairs sauvages comme un ciel orageux des Mille et Une Nuits.
- Sans mariage, l’architecture est boiteuse. Regarde cet ensemble devant toi, note l’alliance entre le futurisme et le baroque, le gothique, le byzantin et le médiéval.
- Déconcertant, reconnut Coplan qui frôla d’une main avide la peau brûlante de la jeune femme.
Elle eut un sourire indulgent.
- Plus tard, Francis. Nous avons au préalable des affaires sérieuses à régler. Ce que tu as sous les yeux, c’est l’expression emblématique d’un culte aristocratique de la beauté.
- J’y suis sensible.
Khalima Husseini était une catholique chaldéenne d’Irak, architecte de profession et, parallèlement, sous cette couverture, pion important en Europe du dispositif irakien d’espionnage et de contre-espionnage sous l’égide du Mounazamet El Defaa El Shabeiyah (Littéralement : Organisme pour la Protection du Peuple, l'un des Services spéciaux irakiens), le M.D.S. à la réputation féroce. En arabe, son prénom signifiait le Rêve, mais il eût été naïf de l’imaginer sous ce jour. Bien qu’obéissant à un exigeant tempérament artistique, la dualité de sa personne lui permettait, sans inconvénient majeur, de vaquer aux tâches que lui assignait Bagdad qui éprouvait en elle une confiance sans failles.
- Tu n’es guère porté sur l’architecture, aujourd’hui, reprocha-t-elle.
- Seule la tienne m’intéresse, riposta-t-il en caressant la main qui remettait en place l’un des éléments de la maquette représentant un immeuble de bureaux.
Elle se dégagea et se posta à la fenêtre.
- Le temps est beau, sortons.
La villa où résidait Khalima se dressait sur une plage privée à faible distance de Barcelone. Accompagnée par Coplan, Khalima se dirigea vers la table de jardin cernée par les jacarandas. A son passage, Sadok s’inclina cérémonieusement. C’était un eunuque originaire de Basra, qui lui servait de garde du corps. D’une force herculéenne, aussi large que haut, il avait le crâne rasé, des bras tentaculaires, des cuisses comme des quartiers de bœuf et un regard cruel. Sa démarche chaloupée, son œil unique, sa barbe frisée et son foulard rouge noué autour du cou évoquaient irrésistiblement le pirate barbaresque qui s’apprête à sauter pardessus le bastingage du vaisseau adverse.
Bien stylé, il apporta un plateau sur lequel reposaient des boissons fraîches. Les rayons obliques du soleil couchant orangeaient le blanc des voiliers qui dansaient sur la mer.
- Presque trois ans que nous ne nous sommes pas rencontrés, soupira Khalima.
- L’été terrible, à la veille de la guerre du Golfe.
- Malgré tes efforts, tu n’as pu éviter le conflit. Dommage. Dans une guerre, il n’existe que des perdants. Si les gouvernants t’avaient écouté, tout aurait pu s’arranger et nous aurions évacué le Koweït.
- En brûlant malgré tout les champs de pétrole, fit-il, sarcastique.
- A qui profitaient-ils, de toute façon ? A la famille royale et pas au peuple. S’il y avait une famille royale en Bosnie, propriétaire de champs de pétrole et alliée à la finance américaine, le monde entier interviendrait contre les Serbes.
Coplan but une gorgée de son jus d’ananas.
- Pourquoi m’as-tu fait venir ?
Elle repoussa une mèche qui lui frôlait le front et porta le regard vers les voiliers.
- Un coup fourré se prépare contre la France, lâcha-t-elle avec ce qui semblait une nuance de regret.
- Lequel ?
- Nous ne le savons pas.
- Quel intérêt ont tes supérieurs à nous avertir ?
- Au titre de l’amitié traditionnelle entre la France et l’Irak, et malgré le fâcheux précédent de la guerre du Golfe. Nous avons besoin de battre le rappel de tous ceux qui nous témoignent encore quelque sympathie.
- Sur quoi vous basez-vous pour affirmer qu’un coup fourré se prépare contre la France ?
- Le Héros est à Paris, lâcha-t-elle d’un ton neutre comme s’il s’agissait d’une platitude.
- Kahraman (Héros, en turc) ?
- Qui d’autre ?
Ancien des Loups Gris, l’organisation terroriste turque, l’intéressé offrait ses services au plus offrant. Génial programmeur d’opérations sophistiquées, manipulateur rusé, technicien hors pair, il avait effectué ses classes dans l’ex-Union soviétique. Véritable protée, il changeait constamment d’apparence physique en se métamorphosant dans la peau des personnages les plus inattendus. Sa carrière dans le terrorisme avait débuté lors de l’attentat contre le pape à Rome. Depuis, il avait signé de nombreux et sanglants exploits.
- Tu sais pour qui il travaille depuis deux ans ?
- Téhéran, répondit Coplan.
- Nos ennemis les plus mortels.
- Le fait qu’il soit à Paris ne signifie pas qu’il prépare un coup fourré, objecta-t-il.
- Il y a autre chose.
- Quoi ?
- En Irak, nous avons un proverbe qui dit : « Il ne suffit pas d’avoir le mouton embroché, encore faut-il le faire rôtir. » Nous, nous jouons notre partition. La France doit jouer la sienne. Moi je ne suis qu’une intermédiaire. Voilà ce dont il s’agit. Ma hiérarchie voudrait que la France intervienne auprès du Conseil de Sécurité afin que l’embargo qui affame mon pays soit levé.
- Ce n’est pas à mon échelon de décider. Il faudrait que tu frappes plus haut.
- Je le sais bien. Mais tu as été choisi comme intermédiaire. Si Paris donne son accord sur notre proposition, alors nous te fournirons des informations complémentaires sur Kahraman.
- Pourquoi ne pas choisir la voie diplomatique officielle ?
- Trop dangereux et compromettant, la France étant trop proche de ses alliés. Toi tu seras l’intermédiaire. Ta hiérarchie accepte, plus de problèmes de notre côté.
- Imagine que ma hiérarchie accepte et que la France ne tienne pas parole à l’O.N.U. ?
- Nous savons aussi nous venger, ce n’est pas une exclusivité européenne. Bon, tu réfléchis et tu me donnes ta réponse demain.
D’un bond elle se leva et battit des mains devant le soleil couchant en train de disparaître dans la mer.
- Tu sais ce que Sadok t’a préparé ? Il s’est souvenu de ce que tu aimes. Crevettes et filets de sole, plus harissa et poivre de Cayenne. Si, avec un tel assaisonnement, tu ne montes pas au plafond, il reverra ses préparations culinaires !
- C’est toi qui risques de monter au plafond.
- Qui te dit que ça me déplaira ?
Cela ne lui déplut pas. Après ce repas pimenté, arrosé d’une vodka glacée à souhait, Khalima se déchaîna entre les bras de Coplan. Dès leur première rencontre, elle l’avait avoué. Les tabous sexuels étaient si pesants dans son pays natal que, très jeune, et assoiffée de plaisirs charnels, elle avait recouru à des jeux qui englobaient de jeunes lycéennes, ses condisciples. Ainsi avait-elle préludé à des ébats plus orthodoxes en compagnie d’un Palestinien de l’Université américaine de Beyrouth, étudiant comme elle en architecture, avant d’entretenir une folle passion avec un officier supérieur des Services spéciaux de Bagdad, mort en service commandé, puis d’accumuler les amants.
Sans désemparer, elle gratifia Coplan de multiples exemples de son savoir-faire. Khalima comblait chacun de ses sens et sa voix rauque murmurait des mots érotiques, tandis que le spectacle parfait de son corps exaspérait la libido de son partenaire. Il se repaissait de son odeur musquée et le contact de sa chair, de ses cuisses, de ses seins, de ses fesses généreuses, amplifiait son plaisir. Légers et souples, les doigts de Khalima caressaient Coplan qui éprouvait des frissons voluptueux.
- Ton sexe est prodigieux, haleta-t-elle. On dirait la tour de Pise.
L’image était flatteuse. Khalima n’en resta pas là. Pendant que Coplan grignotait la pointe de ses seins, elle se lança dans la démesure :
- Tu me fais penser à King-Kong !
Les mains de Coplan la pétrissaient, prenaient possession de ses fibres les plus intimes. Pareille à un instrument de musique bien accordé, elle vibrait à chaque coup de boutoir et, bientôt, son odeur se fit plus forte, plus envahissante, et elle atteignit le paroxysme de la jouissance avec une telle intensité, un tel hurlement vocal qu’il franchit les vitres closes de la fenêtre et alla secouer Sadok qui, cette fois encore, sombra dans la dépression en réalisant la perte irréparable que, dans son enfance, il avait subie de la main de son maître.
Coplan se libéra à son tour en longues saccades qui la firent frémir de tout son être.
Haletants, rompus, ils gisaient sur le dos, engourdis, renversés par l’extase.
- Ne pense à rien avant le lever du soleil, déclara-t-elle d’une voix menue qui allait si peu avec ce qu’il savait de sa personnalité.
Elle se pressa furieusement contre lui.
- Tu es le Roi-Phallus, complimenta-t-elle.
Il se contenta de rire, sachant qu’elle ne bluffait pas.
- Tu es le modèle idéal pour une architecte, s’enflamma-t-elle encore.
- Une architecte-espionne, rectifia-t-il.
CHAPITRE II
C’est à Barcelone, chez le résident de la D.G.S.E., que Coplan était allé rendre compte au Vieux qui s’était exclamé qu’il s’agissait là d’une exigence exorbitante de la part de Bagdad.
- Jamais le gouvernement ne suivra ! En outre, qui nous assure que le M.D.S. ne bluffe pas ? Tourain ne nous a pas signalé la présence de Kahraman à Paris !
- La D.S.T. aussi a ses secrets, même si Tourain travaille en étroite collaboration avec nous, rétorqua Coplan.
- Quelle confiance accorder à cette Khalima qui, de toute façon, obéit aux ordres de sa hiérarchie ?
- Comme moi, persifla Coplan d’un ton moqueur.
- Pour le moment, essayez donc de lui tirer du nez quelques vers supplémentaires. Vos talents d’étalon devraient vous aider auprès d’elle, qui jouit d’une réputation bien établie de nymphomane.
Là-bas, à Paris, le Vieux avait raccroché assez sèchement et Coplan avait repris la route du retour. Quand il arriva, il gara sa voiture sous l’auvent, s’avança vers la villa et vit le corps de Sadok qui rampait sur la terrasse. Il se précipita à son secours.
L’eunuque était mal en point. Sa chemise était imbibée de sang et Coplan l’arracha. Le torse et le ventre portaient des plaies béantes par lesquelles s’écoulait un dernier souffle de vie. La main gauche serrait la poignée d’un cimeterre à la lame ensanglantée, tandis que les doigts de l’autre se recroquevillaient sur un large lambeau de tissu.
- Welad el kalb waraya, waraya (Ces chacals sont après moi) ! hoqueta Sadok.
- Où sont-ils ?
Le blessé ferma les yeux sans répondre. Coplan l’abandonna et courut à sa voiture pour déverrouiller le coffre arrière et en sortir son automatique Smith & Wesson 469 qu’il arma avant de repartir pour la terrasse. Après un ultime borborygme guttural, Sadok mourut. Son automatique au poing, Coplan bondit dans la villa. D’abord, il buta dans deux cadavres, ceux de deux hommes au cou tranché. Nul doute que le cimeterre n’ait accompli son œuvre de mort. Les murs étaient éclaboussés de sang. Rien à redire sur le talent de garde du corps de Sadok. Sur le sol, deux automatiques Beretta qui n’avaient tiré qu’une seule balle chacun.
Dans la chambre, de rage il serra son poing nu. Il détestait voir mourir les femmes avec qui il faisait l’amour. Dans le front, deux projectiles avaient foré leur trou sanglant. Il s’avança et abaissa les paupières sur le regard horrifié et glacé de Khalima, puis repartit fouiller les deux cadavres qui appartenaient à des hommes jeunes, trapus, au type ibérique prononcé, en espadrilles, short et chemise bariolée. Rien dans les poches sauf, pour l’un, un briquet et un paquet de Dunhill mentholées largement entamé.
Coplan repartit sur la terrasse. Sans probablement l’avoir su, Sadok lui avait livré un renseignement susceptible de se révéler précieux. Le lambeau de tissu serré entre ses doigts était le pan d’une veste qui contenait une poche. Dans celle-ci, rien qu’une photographie dédicacée. A Miguel. Con mucho carifio. Signé Soledad. La fille était belle. Regard de braise qui semblait vouloir dévorer le papier du cliché. En minuscules caractères était indiqué le nom du studio d’art dans le coin gauche inférieur. Une photographie professionnelle, celle d’une danseuse ou d’une chanteuse, en tout cas une artiste.
Coplan la glissa dans sa poche. L’instant d’après, il bouclait ses bagages et les enfournait dans le coffre de sa voiture. A la lisière de la pelouse, il cueillit quelques fleurs et les déposa sur la poitrine de Khalima. Là où elle était, dans un palais des Mille et Une Nuits, dans les jardins d’Allah ou dans ceux suspendus de Babylone, il était sûr qu’elle apprécierait le geste.
Ensuite il fouilla. Khalima avait-elle laissé quelque renseignement précieux sur la mission que lui avait confiée Bagdad ? Il en fut pour ses frais. En dehors de ses maquettes d’architecture, rien d’exploitable. Enfin, il quitta les lieux et repartit pour Barcelone où il se rendit chez le résident de la D.G.S.E. afin d’informer le Vieux.
- Prévenez Bagdad, recommanda-t-il. Qu’ils ne nous soupçonnent pas.
- Peut-être vous aurait-on liquidé aussi si vous aviez été présent.
- C’est probable. Quoique Sadok et moi aurions pu faire échec de manière favorable à nos intérêts. A cause de cette poche abandonnée entre les doigts de leur victime, les tueurs ne me semblent pas de haut niveau.
- On ne dit rien à Bagdad au sujet de la photographie. Vous vous en occupez ?
- Bien sûr.
Au studio d’art, on reconnut tout de suite le sujet :
- Soledad Rios. Elle chante au Pernambuco.
Ce soir-là, Coplan s’aventura dans le Barrio Chino, son Smith & Wesson 469 sous sa veste, une cartouche engagée dans le canon pour plus de précaution. Bien décidé à faire feu à la moindre alerte. Dans les rues tramaient les voyous armés d’une seringue. Ils prétendaient que l’aiguille était contaminée par le Sida et en menaçaient les passants pour leur extorquer de l’argent. De la crosse de son automatique, Coplan fracassa les dents de quelques-uns et le mot dut se répandre car il ne fut plus importuné. Vraiment enragé par la mort de Khalima, il ne se sentait pas d’humeur conviviale.
L’air sombre, les dealers le regardaient passer sans le héler. C’étaient des Marocains qui roulaient sur leur langue les boulettes contenant la drogue. Si une voiture de police surgissait pour les fouiller, ils avalaient les boulettes sans autre forme de procès et sans dommages pour leur organisme et leur liberté.
Longeant le Barrio Chino, le Paralelo, une artère joyeuse et animée, abritait la vie nocturne. Son point d’attache le plus célèbre, un music-hall, le Molino, s’était appelé un temps le Molino Rojo, le Moulin-Rouge, mais le général Franco avait supprimé le « rouge » après sa victoire sur les républicains à la fin de la guerre civile en 1939. C’était dire que le Molino était un monument séculaire dans cet environnement.
Au Pernambuco, Soledad Rios se tenait devant le micro sur l’estrade.
Tanto tiempo disfrutamos de este amor
Nuestros aimas acercando tanto asi
Que yo guardo tu sabor...
La voix était rauque et un peu nostalgique comme il convenait à un vieux rythme de salsa venu des profondeurs du continent latino-américain. Comme une pampera de Patagonie, elle était coiffée d’un feutre noir à jugulaire, et portait un pantalon bouffant teinte azulejo, enfoncé dans des bottes fauves, et un chemisier corsaire bardé de colliers et de médailles.
Coplan fit étape au bar puis alla attendre dans la loge la fin du tour de chant. Complice, la cerbère qui veillait au détour du couloir s’était inclinée respectueusement en tendant la main pour recevoir le généreux pourboire.
Soledad Rios parlait espagnol avec l’accent suave des Argentins. D’abord, elle regarda alentour. Sans doute s’attendait-elle à découvrir une gerbe de roses, mais Coplan n’était pas d’humeur galante. Pas après la mort de Khalima. Il posa le cliché sur la coiffeuse, demandant :
- Qui c’est, Miguel ?
Elle avait des yeux mobiles, perçants, pleins de feu, qu’elle braquait sur son visiteur. Elle ôta son feutre noir et secoua son opulente chevelure.
- Qui êtes-vous ?
- Peu importe. J’essaie de sauver ce Miguel avant que la police ne lui mette la main au collet.
Interloquée, elle resta un instant bouche bée et fourragea dans ses cheveux.
- Qu’a-t-il fait ?
- Une sale affaire d’assassinat.
Elle frissonna, puis son regard devint méfiant.
- Dans quel but voulez-vous le sauver si vous ne le connaissez pas ?
- Sans qu’il le sache, mes intérêts sont liés aux siens.
- Comment avez-vous eu cette photo ?
Il fit mine de s’impatienter.
- Croyez-moi, nous perdons un temps précieux. Chaque minute qui passe augmente le danger. Si vous vous moquez de son sort, tant pis.
Il gagna la porte et tournait la poignée quand son bluff paya.
- Attendez.
Elle s’élança et plaqua son dos contre le panneau.